« Rebel tu es prête ? Ta sœur fait son discours dans 10 minutes, on n’a pas intérêt à être en retard ! »

Je soupire puis éteint ma cigarette en l’écrasant contre le mur de ma fenêtre. Rebel. Voilà comment le monde m’appelle. Comme si ma personnalité correspondait à ce surnom débile. Et puis il faut que je me prépare pour aller au discours de remise de diplôme de ma sœur. Génial. Comme si j’avais envie de me prendre des réflexions toute la journée.

« Tu vois Rebel, l’aisance de Spencer quand elle parle ? C’est sur que toi tu as encore des choses à améliorer sur ce point là. Tu y arriveras bien un jour ou enfin j’ose l’espérer. Regarde comme elle est belle aussi, je comprends tout ces hommes qui la suivent partout. »

Marie toi avec aussi. Je suis sûre que c’est ce que tu ferais si tu pouvais.

Spencer par ci, Spencer par là, encore et toujours Spencer. Y’en a que pour elle de toute façon.


Revenons au commencement, parce que oui, il y a un début. Je m’appelle Kelsey Danäe McDermott. Mais allez savoir pourquoi, on m’a toujours appelé Rebel. Ma grand-mère me disait que c’était parce que dans la famille, tout le monde était brun et que j’étais la seule rousse. J’étais aussi la seule personne à ne pas idolâtrer ma sœur. Du coup, j’étais la petite fille qui ne faisait jamais comme les autres. D’où mon surnom « Rebel ».

Ma grand-mère, c’est pratiquement elle qui m’a élevé. Elle m’a transmis sa passion pour le piano et m’apprenait à en jouer pendant que mes parents bichonnaient ma sœur en oubliant totalement ma présence. Je passais mon temps chez elle à l’écouter me raconter des histoires, à cuisiner avec elle, à la regarder jouer de l’instrument devenu aujourd’hui l’objet de ma passion. Elle était comme ma mère adoptive et c’est grâce à elle que j’ai suivi mes rêves, que j’ai appris à vivre pour moi et non pour les autres, que j’ai pu faire de ma vie ce que je voulais qu’elle soit.

A sa mort, lorsque j’avais 17 ans, la vie pris un tournant. J’avais perdu ma plus grande confidente, une meilleure amie. Suite à ce drame survenu, je me suis plongée dans mes études. Je n’ai plus lâché mes livres. « Bluff les, apprend leur qu’on peut réussir même si on ne s’appelle pas Spencer »me disait-elle. J’ai suivi son conseil, obtenant les meilleures notes et mon diplôme avec mention, comme je lui avais promis.

« Maman, je veux aller étudier le piano en Californie. » Elle éclata de rire. « Comme si tu étais capable de faire quelque chose de ta vie. Prend donc exemple sur Spencer et va à la fac de Londres faire du droit. »

Ses mots sont les derniers qu’elle a pu m’adresser. A peine eut-elle finit de rigoler que mes valises étaient déjà faites. Les billets en main, j’ai longuement observé la bague que ma grand-mère m’a offerte avant de mourir, me demandant ce qu’elle aurait aimé que je fasse. Le lendemain, je partais déjà pour la Californie. Au revoir Londres, bonjour Los Angeles.